Si le programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) sera maintenu pour 2013 à hauteur de 500 millions d’euros (dont environ 70 millions d’euros pour la France), les associations caritatives s’alarment aujourd’hui sur ce qu’il adviendra du PEAD après 2013.
Il s’agit en effet de la dernière année existence de ce programme lancé en 1987, du moins sous sa forme actuelle (son financement est aujourd’hui issu de la politique agricole commune – PAC). Le PEAD avait été initié il y 25 ans afin de redistribuer le surplus de denrées alimentaires issu de la PAC aux plus pauvres, les aidant ainsi à se nourrir. Mais avec le temps et avec de meilleurs moyens de régulation de la production, les dons en nature ont évolué vers une ligne budgétaire. Ligne que contestent aujourd’hui certains pays européens estimant que la PAC n’a pas à financer la lutte contre la précarité.
La Commission Européenne « a suggéré de réserver 2,5 milliards d’euros – [soit 357 millions d’euros par an] – de son budget 2014/2020 pour le programme d’aide en faveur des personnes les plus démunies », qui remplacerait le PEAD actuel. Or sept pays européens ne soutiennent pas cette initiative. Ils souhaiteraient que le nouveau programme repose sur le fonds de cohésion sociale, actuellement doté de 360 millions d’euros. Les organisations caritatives craignent donc « que l’enveloppe budgétaire ne soit pas à la hauteur des enjeux » (357 millions d’euros annuels pour le futur contre 500 millions aujourd’hui), sans compter que « la décision doit être prise à l’unanimité des 27 pays membres de l’Union Européenne».
Les engagements présentés par la Commission Européenne n’ont donc pas convaincu les 4 organisations caritatives bénéficiaires du PEAD : La Fédération française des banques alimentaires (partenaire fidèle de La Mie de Pain), Le Secours populaire, La Croix-Rouge française et Les Restos du cœur. Elles craignent notamment le délai nécessaire à la mise en place d’un nouveau programme et soulignent que le PEAD « représente 23% à 50% des denrées alimentaires distribuées (soit 130 millions de repas) ».
Sans le PEAD, des associations telles que La Mie de Pain, devraient s’approvisionner en denrées alimentaires seules, et se retrouveraient vite en situation critique face à la hausse des demandes d’aides. Le Refuge, centre d’hébergement d’urgence de La Mie de Pain, partage ces observations et s’alarme, car comment poursuivre la distribution quotidienne de 550 repas chauds sans le soutien de la Banque Alimentaire ?
La disparition du PEAD serait très préjudiciable car les denrées alimentaires distribuées par ce programme représentent une aide pour environ 18 millions d’européens.
Afin de mobiliser l’opinion à l’échelle européenne, une campagne intitulée The Air Food Project a été lancée. Le principe: se filmer en faisant semblant de manger dans des assiettes vides.
Sources :
Direct Matin.fr : De la « Air food » pour maintenir l’aide alimentaire en Europe
Localtis.info : L’Europe alloue 500 millions d’euros au programme d’aide alimentaire pour 2013
Le Nouvelobs.com : L‘Europe sauve les banques mais refuserait d’aider les pauvres ?
La Croix.com : Stéphane Le Foll : « Nous devons garder un budget européen pour l’aide alimentaire »
Libération : Menacée par l’Europe, l’aide alimentaire crie famine
Crédit Photo : AFP