Alors que l’association est confrontée à des semaines grises, plusieurs de ses membres font appel à l’art pour apporter de la couleur et de l’espoir. Focus sur ces initiatives créatives.
▪ Musique. 5mn30 de fête avec un message particulièrement sérieux, voilà le morceau de Dr Three et Phelix Lenoir réalisé peu après le passage en stade 3 de l’épidémie : Coronavirus, tu es méchant. Le premier a écrit le texte et le chante, le second a composé la partie instrumentale et l’a ajoutée aux paroles, chacun dans sa chambre du Refuge, confinement oblige. « La musique touche les gens et permet de faire passer un message, explique Dr Three. J’étais musicien en Afrique. J’y ai vécu l’épidémie d’Ébola. Cela me rappelait une période compliquée et je souhaitais sensibiliser les personnes dans notre association. » Le message qu’il souhaite passer ? « Il faut prendre au sérieux la situation. Il faut respecter les gestes de protection, se protéger et protéger les autres. Cette chanson, c’est aussi un vrai message de soutien adressé aux équipe de la Mie de Pain qui se battent contre la maladie au quotidien. Merci à toute l’association, à sa Présidente, aux salariés et aux bénévoles, pour tout ce qu’ils font chaque jour. » « Nous avons choisi le reggae parce que c’est de la musique douce, facile à écouter par tout le monde. Cela attire l’oreille et donne de l’espoir, détaille Phenix Lenoir. Percussionniste en Afrique, il a fait une formation en Musique assistée par ordinateur (MAO) en France. « J’aime partager », ajoute-t-il. « Et en confinement, le seul moyen que nous avons pour nous évader, c’est la musique. » Une création très appréciée par les hébergés et les équipes du Refuge. A découvrir sur Youtube.
▪ Peinture et dessin. Sculpteur confirmé, c’est la première fois que Monsieur Daoud a pris les pinceaux. Il a passé trois jours dans la cour du centre d’hébergement du Refuge avec son chevalet, pour mettre sur le papier ce qui nous obsède tous en ce moment : l’épidémie. Sur son tableau, de nombreux symboles et détails. L’homme, des soignants, le bien et le mal, la vie qui continue, la mort si présente… et un message fort : « La mort, elle nous apprend la vie et la vie elle nous prépare à la mort. Respectez les deux ! »« J’ai voulu représenter la situation actuelle. Le cheminement de la maladie. Au départ, on ne nous parlait que de lavage de mains, maintenant le covid est partout… La maladie a traversé les frontières », explique l’artiste qui a reçu de nombreux encouragements de ses camarades du Refuge. Le tableau est d’ailleurs affiché à l’accueil et attire l’œil de tous. Une fois le retour à la normale, celui-ci souhaiterait donner des cours d’arts plastiques. « Pourquoi pas en maison de retraite ? J’ai été très malade en France et on s’est bien occupé de moi. Je voudrais rendre à mon tour. » Il recherche également une salle et un idéalement un four, pour pouvoir continuer à travailler sa passion première : la terre.
Confiné chez lui, c’est naturellement que Jean-Luc Perrigault, responsable bénévole du service repas du jeudi soir au Refuge et graphiste-illustrateur de profession, a également sorti ses pinceaux. Il a choisi de rendre hommage aux soignants en retravaillant le portrait en acrylique d’une infirmière qu’il avait déjà réalisée. Masque et virus se sont ajoutés, comme les symboles du nouvel univers dans lequel nous avons plongé. Pour découvrir ses œuvres, rendez-vous sur son site : https://perigoluc.wixsite.com/jeanlucperrigault/a-propos.
C’est son crayon que sort régulièrement Romain, résident du Foyer de jeunes travailleurs Paulin Enfert, une fois confiné dans son studio, pour s’aérer l’esprit et se détendre après sa journée de travail. Agent de sécurité pour une marque de cosmétique, il a en effet dû poursuivre son activité. Autodidacte, il dessine depuis l’enfance, surtout des personnages, certains inspirés de l’univers du manga, comme celui-ci-joint, mélange entre son meilleur ami qu’il n’a pas vu depuis le début du confinement et lui.
▪ Cinéma. Au sein du FJT, d’autres talents se révèlent en ce moment. « L’art permet aux jeunes de s’occuper et de s’évader. Certains chantent et d’autres profitent du temps qui est devant eux pour relancer ou terminer des projets créatifs un peu mis de côté », explique une travailleuse sociale du pôle Logement adapté. A l’instar de Justyss, étudiant en cinéma, qui en profite pour terminer un court métrage écrit il y a dix ans : La Flamme. Pour cela, il a lancé une campagne de financement participatif sur Kickstarter.
Chapeau les artistes !